Située à 150 km au nord de Tuléar, la région d’Andavadoaka correspond à un espace de transition géomorphologique et écologique. La barrière récifale, qui depuis le sud de Tuléar se développe sur près de 300 km de manière quasi ininterrompue le long du rivage, laisse la place à des îlots coralliens au nord jusqu’à Morombe. Ce système récifal joue un rôle essentiel pour la biodiversité marine comme pour la sécurité alimentaire des populations littorales.
Le village d’Andavadoaka compte aujourd’hui 1 200 habitants dont une grande majorité de Vezo, communauté de pêcheurs semi-nomades utilisant des techniques de pêche qui sont restées traditionnelles (harpons, pics, filets, pirogues à voile). La communauté Vezo est très dépendante de l’environnement marin en termes d’alimentation, de transport, de revenus et d’identité culturelle (Koechlin, 1975). Une étude menée en 2005 montre que la pêche est la première source de revenue pour 71% de la population d’Andavadoaka (Langley et al. 2006).
Isolée jusqu’en 2000, cette région a connu des changements importants depuis cette date :
Deux hôtels ont ouvert leurs portes ;
Une ONG conservationniste anglaise, Blue Ventures, y a installé une station de recherche dans le cadre de sa collaboration avec l’Institut Halieutique et des Sciences Marines (IHSM) de Toliara ;
Une entreprise de pêche, la Copefrito, y a créé une base de collecte de produits halieutiques et a initié avec les pêcheurs une coopérative nommée ‘Coopérative Maritime du 22ème Parallèle’ (CM22P), afin d’assurer la collecte et la vente de poulpes (Grenier, 2004).
En outre, la population de ces villages côtiers augmente rapidement suite au phénomène combiné d’une croissance démographique forte (50% de la population est âgée de moins de 15 ans) et de grands mouvements de migration des populations vivant dans les terres, la productivité des agriculteurs ayant sévèrement chuté ces dernières décennies suite à des sécheresses successives.
Au cours des dix dernières années, les communautés locales ont remarqué une diminution sévère des collectes de produits de la mer. Un changement significatif s’est opéré dans cette région de Madagascar, lié à un tournant décisif de l’entrée dans l’économie de marché qui remplace progressivement l’économie locale basée sur les échanges de marchandises (Benjamin, 2003).
Cette rapide diminution des stocks a attiré l’attention d’acteurs locaux et internationaux qui avec l’accord des communautés locales ont décidé de mettre en place un réseau d’AMP pilotes dans le secteur d’Andavadoaka, afin d’assurer une gestion durable des ressources marines. La grande originalité de ce projet tient donc au caractère totalement indépendant par rapport aux pouvoirs publics du processus de mise en réserve et à la diversité des acteurs institutionnels en présence parmi lesquels figurent (i) une entreprise privée : la Copefrito (ii) deux ONG environnementalistes : Blue Ventures et WCS, (iii) deux instituts de recherche : l’IHSM et l’IRD associé à l’ARVAM/PARETO.